« Libre »

Paroles Mona Lassus – Musique Lorette Larras – harmonica Toph – Les voix : Lorette Larras – Mona Lassus- Au piano : Lorette Larras

Image : « Si le ciel m’était compté » – Huile sur toile – Mona Lassus

Ce poème est dédié à tous ceux qui n’ont pas, n’ont plus ou n’ont jamais eu la liberté d’être libre. Á tous ceux dont on a coupé les ailes, tronqué l’horizon, bloqué les portes, disloqué l’avenir.

Á tous ceux-là, je dis :

« Ferme les yeux, ouvre ton esprit, envole-toi avec l’oiseau entre terre et nuage. Au-dessus de la canopée, tout redevient possible. Vois comme la vie est belle quand on la regarde avec les yeux du cœur. Alors, dis-toi que la seule chose qu’on ne puisse aliéner, c’est ta pensée. C’est elle, ta liberté ! ».

LIBRE !

Je suis l’air, je suis libre.
Je me faufile, je m’insinue,
Au gré de mes humeurs,
Air marin ou continental,
Je vais courant ;
Je me fais vent.
Je suis l’air, je suis libre.
 
Je suis le vent, je suis libre.
Vent d’autan ou du levant,
Au gré de mes humeurs,
De la cime des arbres à la crête des vagues,
Je me fais brise caressante
ou bise dévorante,
Je chante, je siffle, je hurle, Je souffle.
Je suis le vent, je suis libre.
 
Je suis l’eau, je suis libre.
Je me faufile, je m’insinue,
Au gré de mes humeurs,
Je suis goutte, je deviens pluie,
je suinte, Je coule,
je deviens flaque,
Je vais courant, je dégouline,
Je me fais torrent, ruisseau, rivière, fleuve, océan.
Je suis l’eau, je suis libre.
 
Je suis la vague, je suis libre.
Je me cabre, Je déferle,
Au gré de mes humeurs,
Je suis vaguelette, je deviens mascaret,
Je vais roulant poussée par le vent,
Je me fais scélérate, raz de marée, tsunami.
Je suis la vague, je suis libre.
 
Je suis l’oiseau, je suis libre,
Je m’envole à tire d’ailes.
Au gré de mes humeurs,
Je défie les nuages et le vent,
Je vais où la vie m’appelle.
De la cime des arbres Á la crête des vagues,
Je pépie, je siffle, je chante,
Je suis l’oiseau, je suis libre.
 
Je suis esprit, je suis libre.
Je pense, donc je suis.
Au gré de mes humeurs, Je suis docile,
je deviens révolté,
Je vais pensant, porté par la vie,
Je me fais rêveur, philosophe ou artiste.
Je suis esprit, je suis libre.

 

De bon matin

Image : « Sur la route de St Bonnet » – Huile sur toile – Mona Lassus

Tu arrives au détour d’un chemin,
 Sans savoir où tu vas.
Tu distingues, au loin,
Une église, un petit mas.
Tu enjambes un fossé,
Tu sautes sur le sentier
Qui s’étire entre les haies.
Tu aperçois, à l’horizon,
Des jardins, et des maisons.
Le soleil, sur les vignes,
Dessine les ombres
En longues lignes.
C’est l’automne ;
Pourtant, les feuilles jaunissantes
Ressemblent à des fleurs
Dans l’aube naissante.
Dans l’air embaumé
Une brume évanescente,
Drape la campagne d’un voile doré.
Au ciel, les nuages cèdent à la terre
Sa part de lumière.
Les champs s’habillent de miel,
D’ors et de vermeil.
Un oiseau s’envole en faisant des trilles,
Á la ferme voisine, un coq s’égosille.
Un tracteur pétarade sur le chemin,
Une cloche tintinnabule au loin,
Un homme siffle en s’activant,
La campagne s’éveille au soleil levant.

                                                              

À toi

Image : « Le baiser » – Huile sur toile – Mona Lassus

À toi qui m’as reconnue,
Toi, que j’ai tant attendu
Mon frère, mon enfant,
Mon ami, mon poète,
 Mon fou, mon amant,
Ma tendre défaite,
Mon souci, mon air de fête.
Que pourrais-je te dire
Que tu ne sais déjà ?
Je pourrais le chanter,
Le déclamer, l’écrire,
Mais rien ne pourrait remplacer
L’étreinte pas très sage
De nos petits matins,
La caresse, sur mon visage,
De ta bouche, de tes mains,
Nos jeux d’esprit, nos roses,
Enfin, toutes ces choses
Qui font que chaque jour,
Mes certitudes vont vers l’amour.
Je n’en ai rien d’autre à t’offrir que cela : je t’aime.

Dix-huit ans à l’envers

Image : « La sagesse du Goéland » – Huile sur toile – Mona Lassus

La course

Image : « La course » – mona Lassus – Huile sur toile retouchée à l’aide de l’IA

Une boule de feu écarlate embrase l’horizon
Ciel et terre confondus se consument et flamboient.
D’orangé et de noir, le ruban de goudron
S’étire en une longue flammèche de soie.
Le circuit tout entier baigne dans la lumière
De ce jour finissant.
Les engins, au départ, s’échauffent, rugissants.
Les pilotes harnachés, couchés sur leur machine,
Tendus et attentifs au signal, démarrent.
Dans le premier virage, échine contre échine,
Échappés, deux motards
Se penchent vers le sol pour aborder la courbe.
L’un d’eux, le plus rapide, redresse,
et prend la tête de la course.
Dans un vacarme assourdissant,
Les monstres d’acier se cabrent et se dressent,
Le peloton s’accroche, groupé et bondissant.
Hommes et machines font corps,
Accélèrent et accélèrent encore,
Tournent ainsi des heures pour la première place.
La nuit tombe et se passe.
Au petit matin, dans le soleil levant,
Fourbus et passionnés, les spectateurs acclament
Le gagnant de la course, le porteur de la flamme.
Couché sur sa moto, heureux et fatigué, le héros
S’endort sous les bravo !
      

La vague

Image : « La vague’ Mona Lassus – Huile sur toile

L’horizon, calme et plat,
Soudain se meut et danse.
L’onde se fait ressac ;
Elle se soulève et enfle
Comme un ventre de mère
Qui connait les doux maux.
Comme un chat en colère,
Elle fait le gros dos.
Le vent, crescendo,
Souffle et souffre avec elle.
La nature vibre, frénétique et cruelle.
L’océan enfante d’une vague houleuse
Qui monte et qui rugit,
Et qui bondit, heureuse,
S’abime sur les rochers
dans un bruit de tonnerre
Comme pour mieux effrayer la terre.
Elle bondit encore,
Retombe en avalanche
Asperge l’horizon
De brume salée et blanche.
Elle écume,
Puissante et si rageuse
Qu’elle envahît la plage,
La lamine et la creuse,
Elle martèle la dune,
Y laisse son sillon,
Elle s’étire, s’élance,
 Se replie et se fond
Dans les creux accueillants
Du ventre de l’océan.
Elle se retire, enfin,
Elle se calme, elle attend,
Et se berce du souffle
Saccadé du vent.
La bise à nouveau la pousse
Et la soulève,
La ramène, rugissante,  
Sur la grève.
Tel un cheval cabré,
Elle reprend sa colère
Et bondit à l’assaut du ciel et de la terre.

Le bonheur

Image : « Le bonheur » – Mona Lassus – Huile sur toile

Le bonheur est un oiseau frivole
Que difficilement on retient.
On ne le met pas en cage,
Il se pose au creux de la main.
Alors qu’on le croit très sage,
Il s’envole,
Et parfois, ne revient…

Le petit footballeur

Image : « Le petit footballeur »- Mona Lassus – Pastel sec sur canson.

Il avait lâché son ballon,
Epuisé d’avoir tant couru.
Il s’était assis d’un bond
Dans le fauteuil tout décousu.
Les jambes ballantes, il riait.
J’ai marqué deux buts !
Criait-il à sa mère
Qui préparait son goûter.
Et quand je s’ra grand,
Je f’ra comme mon frère :
Je s’ra footballeur,
Moi, quand j’aurai vingt ans !
Il plissait ses petits yeux rieurs
D’un air malin, attendrissant.
Épuisé d’avoir tant couru,
Il s’endormit brusquement
Dans le fauteuil tout décousu.

Les barques

Image : « la petite barque » – Mona Lassus – Huile sur toile.

Face à la dune, au milieu du bassin,
Des piquets émergent de la marée montante.
Les moules s’y accrochent en essaim,
Les pêcheurs y attachent leurs barques flottantes.
On les voit, ces barques esseulées
Tirées et ballotées par le courant
Qui, tout au long de la journée,
Attendent, livrées aux marées et au vent.
Minuscules et fragiles esquifs,
Taches de couleurs mouvantes,
Que les vagues mettent à vif
Et font échouer, mourantes,
Sur le sable, au pied de la dune,
Là-bas, au milieu du bassin,
Jusqu’à la prochaine lune,
Au bord du banc d’Arguin.

Pégase

Image : « tendresse » – Mona Lassus – Huile sur toile

Les animaux aussi, ont un visage
Et ce cheval, bien que de trait,
A le regard de la sagesse.
Ses gros yeux, pleins de bonté,
Ne reflètent-ils pas la tendresse ?
Á la source d’Hippocrène,
Aux temps lointains des dieux héros,
Ne dit-on pas que son ancêtre,
Cheval ailé, fils de Méduse et Poséidon,
De son mythique sabot,
Fit jaillir, L’inspiration ?
Gloire à toi donc, cheval de toujours,
De l’homme tu es le meilleur ami.
Et si d’aucuns chantent l’amour,
C’est toi que je chante aujourd’hui !

 

Solitude

image : « Endormie » – Mona Lassus – Modelage terre crue.

Écoute le silence du monde qui s’endort,
Écoute le silence de la nuit sur terre.
Écoute l’impatience de ton corps
Rythmée par ton cœur solitaire.
Allongée les yeux clos sur ton lit,
Écoute cette voix qui t’appelle,
Entends bien ce qu’elle te dit :
Si solitude n’est pas mortelle,
Elle ne comble pas une vie,
Elle est injuste et parfois cruelle.
Alors, profite de ta jeunesse,
Ne sois trop raisonnable ni sage,
Pense que soudain, la vieillesse
Te prendra et te mettra en cage.
Dans le silence du monde qui s’endort,
Dans le silence de la nuit sur terre,
Ce n’est pas lorsqu’on est mort
Qu’il faut songer sa vie faire !